IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE : POURQUOI AGIR MAINTENANT ?

Le changement climatique n’est plus une hypothèse lointaine mais une réalité tangible dont les effets touchent dès à présent les individus et les entreprises quel que soit leur secteur d’activité.

a) Analyse des effets du changement climatique sur les entreprises et la société

Les premiers effets du changement climatique sont visibles depuis plusieurs années : hausse de la température moyenne, intensification des phénomènes météorologiques (canicules, inondations, sècheresse) et extinction de certaines espèces végétales et animales.

Les entreprises font donc face à des défis croissants : perturbation de leurs chaînes d’approvisionnement, hausse des coûts énergétiques et évolutions règlementaires. Des phénomènes notamment liés à la migration climatique et la pression accrue exercée sur les ressources naturelles sont constatés comme l’illustrent les graphiques ci-dessous.

b) Exemples concrets de conséquences environnementales et économiques

Les effets négatifs produits par le dérèglement climatique sont désormais visibles et constatables par tous et impactent l’ensemble de la chaine de valeur.

Doucement, la population tente de prendre en compte ses nouvelles contraintes et de s’y adapter, à titre d’exemple la préservation de zone humide pour limiter les inondations. Du point de vue des entreprises, les effets négatifs peuvent être plus complexes à identifier. Certains sont directs, visibles et donc prévisibles, tandis que d’autres sont indirects et plus difficilement repérables.

L’enjeu pour les sociétés est alors de les identifier pour mieux les anticiper et limiter leurs impacts sur l’entreprise. Les risques encourus par les sociétés se divisent en deux grands types, le risque physique et le risque de transition.

  • LE RISQUE PHYSIQUE

Le risque physique est un risque incontrôlable qui est l’une des conséquences directes du changement climatique. Nous en avons probablement tous connu au moins l’un de cet événement : inondations, incendies de forêt, tempêtes, sécheresses…et il en est de même pour les entreprises. Leurs conséquences peuvent les affecter dans leurs intégrités mais également dans leurs modèles économiques. Certaines peuvent subir une interruption temporaire de leur activité (matière première indisponible ou chaine de production à faire réparer, …) et d’autres peuvent à l’issue de la catastrophe connaitre une hausse de leurs coûts d’exploitation. Est notamment concerné, le montant de l’assurance mais également les investissements nécessaires au renforcement de l’infrastructure pour prévenir ce type de risque. A cela s’ajoute une seconde menace principalement à destination des entreprises dont la matière première est une ressource naturelle mais le protectionnisme grandissant peut y ajouter d’autres secteurs d’activités. En cas de raréfaction de celle-ci, la pérennité de l’entreprise peut être mise en péril si elle ne repense pas son modèle économique. Toutefois, les entreprises peuvent avoir les moyens de diminuer certains de ces risques en les identifiant et en y apportant des actions préventives.

  • LE RISQUE DE TRANSITION

Le risque de transition regroupe l’ensemble des impacts positifs et négatifs liés à la mise en place d’une économie bas-carbone. Les impacts positifs de cette nouvelle économie sont les bienvenus et leurs anticipations sont un avantage pour se différentier. En revanche, l’impact négatif doit être quant à lui réduit le plus possible. Ses conséquences peuvent être diverses, allant de l’apparition d’une nouvelle taxe, à l’obsolescence anticipée d’une offre ou d’un produit passant par la décroissance de certains marchés. Parmi les risques les plus répandus, il est possible de citer le risque réglementaire qui se traduit par un durcissement de la réglementation entraînant l’impossibilité de produire ou engendrant des coûts supplémentaires. Il existe également le risque financier qui est quant à lui lié à l’investissement nécessaire pour s’adapter aux changements climatiques. Enfin le risque réputationnel est également à prendre en compte et peut impacter le chiffre d’affaires d’une entreprise. L’anticipation de l’ensemble de ses risques permet d’en assurer la continuité et possiblement de devancer certains concurrents.

Les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’industrie ainsi que du bâtiment et de l’immobilier sont aujourd’hui particulièrement impactés par ce changement climatique.

Dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, l’augmentation des températures, la variabilité des précipitations et la survenance d’évènements climatiques extrêmes (sécheresses prolongées et inondations notamment) peuvent entraîner la diminution des rendements, la raréfaction de certaines matières premières, l’augmentation des coûts d’achats et de stockage.

La viticulture est un secteur particulièrement impacté. Le cycle de vie de la vigne, la qualité et la quantité de la production de vin sont en effet particulièrement sensibles aux variations climatiques. Des variations de températures trop importantes peuvent entraîner la diminution des rendements et l’intensification des précipitations, qu’il s’agisse de sècheresses ou d’inondations peut affecter la productivité des vignes.

Dans le secteur de l’industrie, les changements climatiques peuvent entraîner des ruptures de l’approvisionnement en matières premières, l’interruption de l’activité à cause des conditions climatiques défavorables, la pénurie de certaines ressources ou encore la volatilité des prix de l’énergie. Selon des calculs de l’IFP Energies nouvelles, la demande mondiale de cuivre par exemple va épuiser 60% des ressources connues dans le monde en l’espace de 30 ans.

Dans le secteur du bâtiment et de l’immobilier, les incidents climatiques extrêmes peuvent entraîner la hausse des coûts d’entretien et de réparation, des primes d’assurance ainsi que l’obsolescence accélérée des bâtiments non adaptés au changement climatique.

La Caisse Centrale de Réassurance (CCR) a chiffré à 2,17 milliards d’euros le montant des dommages assurés causés par les principaux événements climatiques survenus en 2024. L’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution) chiffre ainsi à près de 160% l’augmentation du prix des assurances d’ici 2050.

c) Pourquoi agir immédiatement ?

Une approche proactive passant par l’analyse des impacts du changement climatique, l’identification précise des risques auxquelles les activités sont confrontées et la mise en place d’un plan d’actions permet aux entreprises une meilleure gestion des aléas environnementaux et la saisie de nouvelles opportunités telles que notamment :

  • La réflexion sur la pérennité de l’entreprise à long terme
  • Une maitrise de ses coûts par une meilleure efficience énergétique et la réduction des déchets
  • La valorisation de l’image de l’entreprise par l’adoption d’une stratégie responsable renforçant la confiance de leurs parties prenantes : investisseurs, clients, salariés, partenaires…
  • L’ouverture à de nouvelles formes de financement
  • L’anticipation des enjeux règlementaires en investissant mieux aujourd’hui pour limiter les conséquences demain.

La prise de conscience semble essentielle mais l’action l’est d’autant plus pour transformer la lutte contre le changement climatique en opportunité.

L’ADEME (Agence de la transition écologique) estimait en 2023 que l’inaction coûterait encore plus cher, -1,5 point de PIB en 2030 et de -5 point de PIB en 2050.

Selon une enquête de E3G en partenariat avec YouGov auprès de 2500 dirigeants de toutes tailles d’entreprise en Europe dont 500 en France, la majorité considère qu’une entreprise « plus durable pour l’environnement » est bon pour rendre l’entreprise plus performante. L’étude souligne également que les dirigeants sont majoritairement favorables à instaurer des standards environnementaux fort, qui serait également un atout pour se démarquer de la Chine ou des États-Unis.

Après avoir pris la décision d’agir, il convient de communiquer à ses parties prenantes en toute transparence. La CSRD avait initialement pour objectif de « pousser » les entreprises à dire ce qu’elles font et ce qu’elles ne font pas selon un cadre prédéfini. Malheureusement, les normes mises en place se sont révélées trop complexes, rendant ce travail particulièrement ardu.

 

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